HOME | DD

littletroublegirl — Dear Diary

Published: 2004-07-12 15:30:07 +0000 UTC; Views: 837; Favourites: 5; Downloads: 60
Redirect to original
Description Extraits du journal de Suzie et de celui de Louis, passages écrits à Paris.

(Elle) 7 octobre 2001 – 20 :15

Cher Journal,
Quel moment mémorable…J’ai toujours voulu commencer un journal, pour…pour écrire « cher journal ». Je ne sais pas encore ce que je veux écrire ici. Ma vie probablement, pour ne rien oublier, en particulier mon existence. Je viens d’emménager à Paris, N°12 rue ****, XVIIIeme arrondissement, Métro Abbesses. J’ai vécu dix-neuf ans avec mes parents, quelque part entre Limoges et Guéret, dans un village de quinze habitant. Le contraste est frappant, ici, au moins vingt personnes résident uniquement dans mon immeuble, et j’espère très vite en connaître, je ne suis pas habituée à lier des contacts, ici, il y a tellement de monde que je ne sais pas encore par où commencer. Lundi, mon premier jour de fac. J’étudie la psychologie à Paris, ça sonne drôlement bien.
Je suis tellement enthousiaste à propos de tout ce qui se passe dans ma vie actuellement. Ce changement, j’en ai tellement rêvé, en entendant parler de Paris, des villes, en lisant des romans qui s’y passent. La vie semble beaucoup plus passionnante ici, il y a des choses à faire ! Je ne sais pas ce qui rend une vie passionnante en vérité, mais moi je sais que je ne suis pas faite pour rester chez moi à la campagne, à ne connaître que 15 personnes qui ont une moyenne d’âge de 65 ans. J’ai dix-huit ans et je veux vivre.

Je vais boire un lait chaud et m’endormir.

Bonne Nuit

-0 :18 Je ne peux pas dormir, les pigeons font du bruit sur le balcon et sur le toit, c’est carrément INSUPPORTABLE. Je HAIS les pigeons ! ! ! !



12 octobre 2001 - 18 :30
Première semaine terminée. Bilan plutôt négatif. Je n’ai que quinze heures de cours par semaine. Je m’ennuie déjà. Il n’y a rien à faire ici. Je connais un peu une fille à la fac parce qu’on travaille ensemble le mardi et qu’elle s’est assise près de moi.

Les autres chaises étaient prises.

Elle a les cheveux châtain clair et les yeux marron. On a les mêmes chaussures, c’est déjà un bon début, peut-être pourrons nous faire du shopping ensemble.
Dans le métro jeudi matin et ce soir, j’ai croisé quelqu’un qui me donne envie de le regarder. Il pleurait jeudi matin. Pourquoi pleurait-il ?
Peut être qu’il venait de perdre sa grand-mère.
Ou bien il s’est disputé avec son colocataire ?
Peut être a-t-il perdu de l’argent, ou bien son chat, son poisson rouge est mort électrocuté derrière son radiateur le matin même… Le plus probable c’est que sa petite amie en ait trouvé un autre moins pleurnichard.
Est-ce que l’on est censé pleurer quand on a perdu son chat, à propos ?

Ou alors il était excédé par le bruit des pigeons qui l’ont empêché de dormir avant son premier entretien d’embauche.

Je ne sais pas, je ne le connais absolument pas mais je suis curieuse, je croise tellement de gens qui j’en suis certaine mériteraient de me connaître... Ou plutôt d’être connus.

Au moment où il pleurait, j’ai bien tenté de lui sourire mais ses sanglots étaient tellement insupportables que j’ai préféré détourner la tête. C’est très laid un homme qui pleure. On entend souvent dire que c’est émouvant. Moi je trouve ça moche. Sa tête devient complètement disproportionnée, ses rides se multiplient, et ce liquide qui coule des yeux, est ce  censé être beau en soit ou pour ce que ça représente ? Un homme qui pleure est beau ne reviendrait-il pas à affirmer que la tristesse est agréable à contempler ?
Je n’aime pas cette situation d’inconfort qu’apportent les gens qui pleurent. Tout le monde pense à eux, mais personne ne sait réagir, et tout le monde s’en veut finalement ! Les gens qui pleurent seuls, dans des lieux publics sont de vrais égoïstes.

Ce soir, je l’ai juste aperçu à la sortie du métro et en moi même je pensais «quelle merveille, la nature est fort injuste ». Car lorsqu’il ne pleurait pas, cet homme était magnifique. Il n’était pas beau selon la définition de ELLE, mais je lui ai trouvé un certain charme et une grande élégance, que je ne voyais que très rarement dans ma campagne ! Mais j’espère que le fait de l’avoir vu pleuré n’a pas contribué à me donner pitié de lui , pitié qui au fil de la journée se serait changée en tendresse. Comme je l’ai trouvé si laid le matin même, le fait de le voir dans son attitude normale me l’a rendu plus beau.

C’est pathétique, je n’ai qu’à parler d’un inconnu qui pleurait dans mon journal. Je me sens soudainement éperdument seule et incroyablement triste.

En revanche, l’un des côtés que j’aime à Paris, c’est qu’il est très « pratique » d’y vivre. les marchands dans les épiceries gardent leurs boutiques ouvertes toute la nuit , et je n’ai qu’à descendre la rue pour m’y rendre. Je vais aller à Franprix acheter un plat individuel à réchauffer en 6 minutes. C’est bien beau mais ce n’est franchement pas comparable aux plats de maman là bas, ou j’aimerais manger et pouvoir faire la conversation à quelqu’un d’autre qu’à ce stupide journal.

Excusez moi.


14 octobre 2001 - 0 :18

Soirée étrange. J’ai dîné à la pizzeria « chez Tony ». Je n’ai pourtant vu aucun dénommé « Tony ». Ou alors Tony était le serveur et il ne s’est pas présenté. Pour lui je n’étais que « mademoiselle ». (ou « mademoiselle-qui-veut-manger-une-pizza » dans sa tête). C’est un détail mais c’est la première fois que je remarque à quel point la solitude vous sépare des gens. A cette famille de trois jeunes enfants, cet hypothétique-tony a fait la conversation.
Moi je me résume à être « mademoiselle », en toute situation.

« Mademoiselle-qui-veut-du-pain »
« Mademoiselle-qui-a-oublié-son-écharpe-sur-le-banc »
« Mademoiselle-qui-souhaite-une-table-pour-une-personne »
J’ai pourtant un nom, une vie à part entière.
J’ai beau critiquer cela, je me contente moi aussi d’appeler les gens par leur fonction. (« Oh le facteur est passé… ») Comment faire autrement ? Si seulement je pouvais le découvrir. Pour l’instant, les cours ne m’apprennent pas à vivre. On peut passer plusieurs heures sur le scepticisme des enfants adoptés, plusieurs autres sur la rancœur des homme divorcés, mais apprendre à dialoguer avec son entourage chez une personne normale, est chose censé être acquise depuis toujours. Je n’ai rien acquis de tout cela. Je n’ai jamais eu besoin de rencontrer quelqu’un, je connaissais tout mon village au moment où je suis née.

C’est triste, et affreusement désolant.

Je vais boire un verre de lait chaud et m’endormir.

15 octobre 2001 18h23

J’ai lu deux nouvelles tirées de « je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part ». C’est bien. C’est vrai. Ça fait mal. Je me sens mal.
Le destin d’une seule personne est conditionnée à tout instant de sa vie par les autres personnes et peut-être que ça rejoindrait ce que l’on appelle l’existentialisme , cette théorie m’a toujours plus ou moins effrayée , ça paraît tellement loin de nous alors qu’on la subit tous à chaque instant.

Peut-être que je n’ai pas pris la bonne décision en quittant Thomas pour m’installer à Paris. La distance n’était pas insurmontable. On se serait vus tous les mois, un week-end de temps à autre. Trente euros de train, ce n’est rien. La distance est un facteur de rapprochement…
On attend de se voir.
On s’appelle.
On s’aime.
On se dit qu’on se manque.
On n’oublie pas.
On pense.
On y pense.

Un amour tous les jours serait plutôt :
On se voit, on s’énerve, on veut de la liberté, on apprécie moins les moments partagés.

Je suppose.

Maintenant ce n’est que l’avis d’une exclue parisienne sans amis et sans personne pour lui soutenir que sa théorie est fausse et que l’amour c’est le partage de la vie.

Je ne sais pas si je suis à ma place ici, mais j’avais une place chez lui et pour lui.
Est ce que j’aurais quitté un homme pour une ville ?
Mais je ne me rappelle déjà plus mes sentiments envers lui. Et c’est peut être ça le plus important, je mélange tout. Je veux savoir si il m’aime toujours. Il ne me donne aucune nouvelle, comme je le lui ai demandé, mais maintenant je regrette. Mais je n’arrive pas à déterminer si je regrette de ne plus être avec lui pour qu’il m’aime, qu’il me câline, qu’il me console, ou si je regrette de ne plus être avec lui car je l’aime toujours.

Peut être que je devrais l’appeler, pour savoir. Si j’étais avec lui sûrement que les gens me remarqueraient plus. Les couples. La stupéfaction des enfants lorsqu’ils voient des amoureux s’embrasser, l’envie des adolescents, l’œil furtif et les souvenir que cela remémore chez les personnes âgées.
Et la frustration pour la plupart.
La scène du baiser parisien, dans le métro, sur les Champs-Elysées , tout ça c’est juste romantique lorsqu’on le vit.

(Je voudrais le vivre, je voudrais le-garçon-qui-pleurait)

Les amoureux sont incapables de se lâcher la main une minute lorsque la rue est pleine et qu’ils gênent le passage de tout le monde en avançant moins vite qu’un escargot. Et à coté de ça les gens sont toujours si pressés.

22 décembre 2001 17.23

Ma résolution pour la nouvelle année sera de parler aux autres, parler aux inconnus et oser le faire. Il faut arrêter de penser que tous les inconnus sont dangereux, on nous explique ça quand on a cinq ans, et cela reste en nous pour toujours alors que passé un certain age on devrait être moins sélectif envers tous les adultes à qui l’on n’a jamais parlé.
C’est inquiétant de penser que seuls les mendiants ou les agresseurs aient la possibilité de parler à des inconnus, encore faut il entendre leurs paroles, toujours les mêmes et tellement horribles à entendre.

25 décembre 2001 12h00

There is 80 windows I can see
It’s Christmas Time and they all have the same tree

The moon is closer to the sun
Than i am to anyone

03 janvier 2002 20h08

Au fait, je n’ai toujours pas eu l’occasion de parler à la-fille-qui-s’était-assise-à-coté-de-moi. Je vois toujours le-garçon-qui-pleurait , mais je n’en sais pas plus sur lui que le premier jour , il est plus beau chaque jour.
Ses cheveux poussent, je me demande si il les coupera un jour. Le matin j’ai pris l’habitude d’attendre un ou deux métros si jamais je n’étais pas dans le sien. Il est toujours essoufflé lorsqu’il arrive, sûrement du genre « en retard ». Si je l’aimais un jour, il faudra que je pense à lui dire que la ponctualité est essentielle pour moi. Je déteste que quelqu’un arrive en retard, alors que j’attends devant ma fenêtre qu’il arrive. L’attente me donne la nausée, et un peu mal au ventre, parce que je ne sais jamais si il arrivera.


(Lui) 25 octobre 2001
Je la croise tous les jours dans le métro.
Elle est belle. Elle ressort de tous. Tous se ressemblent et tous sont tous.
Je l’admire.
Elle me sourit.
Elle me regarde.

« maybe she’s alone, what can i do, what can i do, what can i do, what can i do what can i do, what can i do, what can i do, what can i do what can i do, what can i do, what can i do, what can i do, what can i do, what can i do
what can i do, what can i do, what can i do, what can i do……….. there is nothing, nothing,  i can do »

22 décembre 2001

je ne connais toujours pas la-jolie-fille-de-la-station-Abbesses. Nos relations en restent à nous regarder, passivement, dangereusement je tente des coups d’œil. Je croise des milliards de fille chaque jour dans les rues , je n’y fais même pas attention, je croise , je pousse et je dépasse , toujours ces mêmes gestes communs à tous les gens dans la rue et qui ne méritent pas d’être expliqués tellement ils sont banals.
Même si je croisais une connaissance dans la rue en pleine effervescence je doute fort que je m’en rendrais compte. Dans la rue, on est tous des êtres humains, des passants et on se limite à se rôle.

7 janvier 2002

J’ai repris mon travail, je suis infirmier, en stage à l’hôpital. Je revois enfin LA fille. Il y a eu comme un vide pendant les vacances, comblé des que je l’ai revue. Elle me donne le sourire le matin et me donne envie de me lever. Juste pour ça je devrais la remercier, elle contribue à ce conditionnement de ma vie, magnifique.
Mais je ne me vois vraiment pas aller vers elle et lui dire « merci de m’aider à me lever le matin ». Ce serait bizarre, après ça elle aurait peur et modifierai ses heures de métro pour m’éviter !

I wish i could see you
Wish you could see through my eyes

Je me suis toujours défendu d’aimer sans connaître. Je ne sais pas comment l’aimer. Elle est juste si... différente et me parait bien moins superficielle que toutes ces filles qui termineront en vieilles filles aigries que je croise en plus grand nombre et qui passent leur temps à examiner leurs yeux devant leur mini glaces Séphora. En fait je n’en sais vraiment rien, c’est juste qu’elle a l’air si gentille. Elle a l’air, et avoir l’air fausse les perceptions, donc je ne devrais pas penser, je ne pense que par la vue, pas par le cœur.

Wish You could See Through my eyes
Wish I could see through your eyes

Je suis tellement préoccupé par cette histoire pourtant inexistante que je ne parle pas de ma vie quotidienne, trop normale.

(Elle) 9 janvier, 20h00

Je prépare ardemment mes premiers partiels.
C’est le premier jour de soldes, il y avait un monde pas possible, je pouvais à peine regarder les vêtements, je ne voyais que des dos les uns a coté des autres, des mains touchants chaque cintre, chaque vêtement sans même le regarder, se bousculer pour trouver une place dans un rayon , appelant une amie à l’aide pour un choix rassurant , hurlant dès qu’un prix minime saute aux yeux.
Voilà ce que j’appelle la comédie des soldes. On en ressort épuisée , ruinée pour souvent quelques pantalons qui ne passeront pas l’hiver ou alors qui achèveront leur vie dans une armoire , en attendant le jour où l’on fera du 36 , puisqu’on a pas eu le courage d’essayer et qu’étant donné que ce n’était pas cher on l’a acheté.

Tout ça pour peu finalement. Le soir , je me sens diverses odeurs : parfums d’autres femmes qui se mêlent au mien , mais aussi la cigarette , l’odeur infecte du métro bondé et sale ; en gros l’odeur de transpiration ressort plus que les autres. Conséquence logique à toute action désespérée parmi une foule toujours plus grosse partout où l’on va.

8 janvier 20h06

Je devrais aller parler à ce garçon, j’en ai tellement envie. Il était debout face à moi dans le métro, je sentais ma tête presque collée contre sa poitrine, je pouvais déceler ses mouvements respiratoires, et quand sa main a frôlé la mienne sur la barre de sécurité j’ai cru m’évanouir tellement je tremblais, et le plus probable aurait pu être alors que je meure de frustration si il n’etait pas descendu à la station suivante.
Notre relation évolue ! Nous sommes passés d’une relation amoureuse visuelle à une relation amoureuse tactile. Dites moi que c’est chose positive !
Et si il aimait ? Si il était amoureux, fiancé, voire marié ? Comment je pourrais savoir ? Je VEUX savoir, j’en ai besoin, je… ou bien, peut-être que je n’en ai pas besoin ni envie. Je crois que je préfère rester dans mon univers merveilleux. Je rêve d’un homme que je sais inaccessible. C’est doux, c’est facile, je n’ai besoin d’aucun engagement, et mes fantasmes me suffisent à combler un manque d’amour, un manque de relation.

Non, je dois savoir.

Anvers.
J’ai voulu le suivre, je suis alors descendue. Je poursuivais son allure rapide et quittais un instant son adorable bonnet bleu, songeant qu’il devait être frileux, et l’imaginant dans son lit la veille au soir. Mes réflexions furent interrompues lorsque j’entrais en collision avec une vieille dame au bout du quai, toujours bondé. Je vis le sommet du bonnet disparaître dans l’escalator puis dans la rue lorsque j’aidais cette dame à se relever.

(Lui) 8 janvier
La jolie-fille est descendue à la même station que moi ce matin. D’habitude elle reste dans le métro. J’ai rêvé d’elle toute la matinée, m’imaginant qu’elle avait rendez vous à l’hôpital pour une visite quelconque, et que je sois chargé de m’occuper d’elle pour n’importe quoi, qu’importe si je pouvait lui parler !!!
J’espère simplement qu’elle va bien.

Notre relation n’est ainsi plus seulement physique, puisque je pense à son bien-être. Mon dieu si elle lisait ce que j’écris , elle me croirait fou ! Suis-je fou de rêver ? Mon rêve est il inaccessible ? N’ai-je pas finalement peur d’être déçu, quelque soit l’issue de notre relation ? Il s’en suivra forcément une déception : si je la connais et qu’elle n’est pas ce que j’imagine, ou si je ne la connais jamais.



(Elle) 12 janvier 18h00
Nouvelle semaine. Je voudrais suivre à nouveau le joli-garçon, hélas je n’ai pas eu l’opportunité aujourd’hui.
Je vais VRAIMENT lui parler, je ne peux plus laisser passer un tel sentiment s’essouffler, après tout je suis venue a Paris dans le but de faire des rencontres, jusqu’à maintenant c’est le néant total malheureusement, je ne crois plus qu’une ville apporte réellement plus de contacts humains si ce n’est qu’elle augmente chaque jour l’indifférence envers les autres.
Demain matin, je vais le suivre, je vais lui parler en sortant du métro. On sera dehors, sous la pluie, je le regarderai, lui dirai alors « pardon », puis « je t’aime », puis il me répondra qu’il m’aime aussi, puis on s’embrassera et alors je serais enfin comblée. Et là les gens passeraient autour de nous en pensant qu’on aurait au moins pu laisser l’entrée du métro libre.
Sérieusement, je vais déjà lui demander si il a l’heure.

(Ne jamais penser à la réalité)
(Qui ne tente rien...)

13 janvier , 7h10
Je n’ai pas pu fermer l’œil cette nuit. J’ai pris une douche, ai fais réchauffer du café et je DOIS partir. Je DOIS le faire, je vais le faire. Il va y avoir du concret. J’ai laissé la vaisselle du déjeuner je suis trop stressée pour toucher à une chose en verre.
Je me dis qu’en rentrant ce soir et quand j’aurais à faire ma vaisselle je lui aurais parlé. Je ne ferai pas ma vaisselle avant de lui parler.
Je ne ferai pas ma vaisselle. Pas avant de lui parler.

(Lui) 13 janvier, 7.20
Je suis en retard pour aller au boulot faut que je me dépêche je passerai à la boulangerie sur le chemin. Aujourd’hui je travaille comme tous les jours de 8heures à 18 heures. J’en ai marre de faire toujours la même chose.

……………………………………………………………………………..

Malgré s’être réveillé relativement tôt ce matin, Louis dû se dépêcher pour arriver à l’heure à l’hôpital. En effet, dès six heures, il aurait du se reveiller. Mais son réveil ne parvint pas à le sortir d’un sommeil profond. Il passa plus d’une demi heure entre le stade de réveil et d’émergence à la vie, pensant à sa journée, au plâtre de madame Bivardo à refaire, les personnes qu’il devrait laver en arrivant. Surtout il pensait à une jeune femme. Suzie, dont il ignorait jusqu’au nom. Il ne la connaissait seulement que de vue car ils se retrouvaient dans le même métro de temps en temps. Il ne savait pas grand-chose de cette fille et pourtant il l’avait remarquée depuis longtemps.
Aborder quelqu’un qui nous plaît est encore plus difficile que de parler aisément à une personne que l’on ne connaît pas mais qui ne nous attire pas du tout. Louis n’était pas vraiment timide et souvent il engageait des conversations avec des inconnus, dans les files d’attente à la caisse du Monoprix par exemple. Les conversations typiques des gens qui ne se connaissent pas tournent autour du temps, du lieu où ils habitent, de l’actualité sportive et internationale. Uniquement des sujets impersonnels. Par exemple quelquefois il parle à un monsieur qui porte des petites lunettes rondes et une barbichette. Dans la tête de lui cet homme c’est « professeur tournesol », ensemble ils parlent des réussites de leur club de foot favori. Louis ne sait pas que ce monsieur s’appelle Bertrant Lecomte et qu’il est le patron de son propre hôpital. Il ne l’avait jamais vu.
Quoiqu’il en soit, Louis ce matin du 13 janvier parti donc en direction de la station de métro Abbesses. Il acheta un pain au chocolat en face du métro.
Suzie arrivait presque au même instant. Elle portait un manteau rouge, une grosse écharpe noire et des bottines. Il faisait un temps splendide et le soleil faisait ressortir ses reflets blonds que Louis n’avait jamais alors remarqué. Il ne la voyait que dans l’atmosphère sombre et peu lumineuse des quais. Louis se dit que Suzie avait vraiment des cheveux magnifiques. Il éprouva l’envie de les toucher. Il imagina ensuite le corps de Suzie dévêtu. Non sans honte d’ailleurs, ce qui lui donna de petites pommettes rosés quelques secondes. Il eu l’impression de violer l’intimité de cette jeune fille. Il avait pourtant l’impression de la connaître, et ses fantasmes lui semblaient naturels tant ils lui semblaient réels. Il pouvait l’imaginer entièrement. Il pouvait sentir ses cheveux sur son corps à lui, il pouvait sentir son odeur fraîche de fleurs, qu’il connaissait par cœur depuis qu’il avait déjà pris position face à elle dans le métro. De son côté, Suzie regarda Louis et elle eu peur de ce qu’elle avait entreprit de faire la veille au soir.
Elle s’était promise de parler à ce bel inconnu.
Cette situation est quelque peu étrange, aucun ne sait qu’ils s’admirent mutuellement. Suzie, très courageuse avait élaboré un plan pour aborder Louis, enfin elle s’était arrêtée au moment où elle s’approchait de lui et lui demandait l’heure. Elle était persuadée que la conversation se poursuivrait si jamais elle devait se poursuivre.
Ils entrèrent dans le métro en même temps , se dévisageant furtivement. Suzie s’assit en face de Louis à l’intérieur. Elle l’observait étrangement, admirant sa façon de manger un pain au chocolat. Il découpait d’abord chaque petit morceau, retirait les miettes puis très lentement amenait le minuscule morceau a sa bouche. Puis il recommençait. Cela la fit sourire. Il lui rendit son sourire.
(« Il m’a sourit »)
(« Elle m’a sourit »)
Enfin elle se décida à lui parler. Il le fallait bien. Elle repensait à la vaisselle qui l’attendait.
- Excusez moi, auriez vous l’heure ?lui demanda-t-elle.
- euh, oui… balbutia t-il. Il est presque huit heures moins dix.
- Merci.

Voilà. Voilà leur conversation, cela en resta là. Elle était vraiment heureuse de lui avoir parlé, mais c’était bien trop peu et elle en était consciente. Maintenant elle savait qu’il n’y avait plus aucun espoir pour lui reparler, après tout elle avait fourni un effort et si il le souhaitait maintenant c’était à lui de s’investir. Soudainement, elle se rendit compte qu’elle portait encore sa montre et la cacha sous son manteau.
Quant à lui, Louis n’en revenait pas. Il se sentit bête de ne rien avoir eu à ajouter. Il aurait voulu dire tellement de choses. Mais quoi. Jusqu’à la fin du trajet il réfléchit à ce qu’il aurait pu répondre après le « merci ». « Tu aurais pu lui répondre au moins « de rien » , imbécile… » pensait il.


Il sorti à Anvers.
Elle le suivit.
Il avait oublié son bonnet.
Elle se doutait qu’il l’avait laissé là pour qu’elle le lui ramène.
Même inconsciemment. (Suzie faisait des études de psychologie).
Il marchait d’un pas rapide, il ne pensait pas à autre chose qu’à ce qu’il aurait du dire de plus à Suzie mais les gens qu’ils croisaient devaient plutôt imaginer qu’il était en retard à son travail vu la façon dont il les poussait sans même prendre connaissance de leur présence autour de lui.
Suzie du presque courir pour le rattraper. Il traversait la rue au moment où elle allait l’atteindre.
Elle n’arriva pas à le rattraper.
Louis se retourna lorsqu’il entendit un bruit de freins crissant et de choc derrière lui. Un accident. Il courut auprès de la victime, près à lui prodiguer les premiers soins. Il vit le visage ensanglanté d’une jeune femme sur le bitume. Le camion l’avait expulsé presque sur le trottoir, le choc était violent. Les voitures passent des que le feu est vert et ne regardent même pas si quelqu’un traverse , alors que des milliers de piétons ne respectent pas ce code et traversent un peu n’importe quand , prétextant des raisons plus ou moins valables. Celle de Suzie était de rattraper Louis.
Lorsqu’il réalisa que la personne touchée par l’accident était Suzie, Louis paniqua. Il ne connaissait personne d’autre à part elle autour de lui (d’une certaine façon), et il avait fallu que ça tombe sur elle, et ça il ne pouvait pas le concevoir, il aurait souhaité que ce soit n’importe qui d’autre mais pas sa Suzie.
Il y a tellement d’inconnus, à l’hôpital, que Louis ne se rendait jamais compte de la douleur dont pouvaient souffrir les proches de ses patients.
Le temps de réaliser que la victime était réellement Suzie, Louis resta comme paralysé

(Lui)
Je hurle. Non je ne hurle pas. C’est Elle. Je ne sais pas quoi faire. Par terre. Sang. Blanche. Pouls? Je ne sais pas. Je suis nul. Je ne réagis pas. REAGIS. REAGIS. Aucun membre de mon corps ne veut se laisser commander.
VA chercher quelqu’un je me répète.
Appelle les pompiers.
Appelle les pompiers.
Appelle les pompiers.
Hurle.
Fais quelque chose.
Puis enfin le cri sort de ma bouche. Finalement il ne s'est passé que quelques secondes.
Je cours appeler les pompiers et je ne me rends compte de rien.

Samedi 27 avril 00.35

L’histoire de Suzie m’a beaucoup fait réfléchir. Je sais que je n’ai rien écris sur mon journal depuis que je l’ai perdue. Elle était derrière moi je pensais à elle pourtant je n’ai rien vu. Je ne comprend toujours pas comment cela à pu arriver. Je vivais tranquillement, tous les jours, remettant sans cesse au lendemain ce que je pouvais faire le jour même.
Croisant tous les jours un idéal féminin qui me plaisait tel que je me le figurais, sans la connaître réellement. Pourtant au fond de moi je suis sur que l’idéal que je m’étais fais d’elle se serait avéré vrai en partie.
Apres sa mort, je me rendis dans son appartement. Je m’étais occupée au mieux d’elle à l’hôpital mais c’était bien trop tard. J’eu besoin de me rendre chez elle pour tenter d’enfin la connaître, comme si c’était ma destinée et que je DEVAIS la connaître, savoir qui elle était, ce qu’elle faisait dans la vie. Chez elle, tout était des plus normal pour un petit logement d’étudiante. Des habits traînaient sur les chaises mais tout était plutôt ordonné. On sentait que quelqu’un y vivait. Elle ne savait pas qu’elle n’y retournerai jamais en partant. J’ai lu son journal intime, encore ouvert sur la dernière page. Je ne l’aurais jamais ouvert si je n’avais pas vu qu’elle parlait d’un homme qui aurait pu être moi.
C’est là que j’ai su que j’aurais du lui parler. Si j’avais su ce qu’elle pensait de moi. Du moins je suppose que c’est moi mais la description de chaque journée est exactement celle que n’importe qui ne me connaissant pas ferait de moi. Ça m’a beaucoup touché. Elle n’avait presque personne dans sa vie, et peut être nous aurions été bien tous les deux, personne ne peut le savoir désormais.
Je laissai ses affaires dans l’appartement, et fis sa vaisselle pour éviter à sa famille d’imaginer sa vie ici, et pour me sentir, rien qu’un instant, Suzie.
Related content
Comments: 28

zigazigah [2005-06-25 11:13:45 +0000 UTC]

really love this

👍: 0 ⏩: 0

tukaka [2005-05-14 10:00:37 +0000 UTC]

the kinda blurry girl and her shoes
make it a great shot

👍: 0 ⏩: 0

Morangie [2005-05-06 21:50:03 +0000 UTC]

wicked shot!

how did you get her to be blurry and background still?

👍: 0 ⏩: 0

siod [2005-01-28 17:05:26 +0000 UTC]

je comprends pourquoi t'as pas eu le courage de tout traduire en anglais (lol)-tres belle photo en tout cas

👍: 0 ⏩: 0

sprinkler [2005-01-02 10:31:04 +0000 UTC]

wow
this piece is so filmic
i am happy to look at it
thank you*

👍: 0 ⏩: 0

madefromrecycledpape [2004-12-05 10:08:53 +0000 UTC]

shamelesly I dont understand in French

but the picture is great (-:

👍: 0 ⏩: 0

avivi [2004-10-26 22:52:26 +0000 UTC]

Concorde Je Love this

👍: 0 ⏩: 1

littletroublegirl In reply to avivi [2004-10-27 13:44:28 +0000 UTC]

merci

👍: 0 ⏩: 0

JeanFrancois [2004-10-17 01:36:34 +0000 UTC]

La photo me fait penser au film Kill Bill
Ahhhhh j' ai pas lu tout le journal intime ( dis moi que ca en vaut la peine et je le lirai ) il est trooop long, j'aime beaucoup le mouvement du modèle et le fais qu'on voit les belles chaussures jaunes

👍: 0 ⏩: 0

Aquiel [2004-09-15 09:24:56 +0000 UTC]

What a masterful shot! I think its absolutely stunning.!

👍: 0 ⏩: 0

yhancik [2004-09-04 10:05:38 +0000 UTC]

question n'ayant rien avoir avec le texte : c'est où cette station de métro (enfin j'imagine que ça en est une)... ça ressemble vachement à une station de Bruxelles...

👍: 0 ⏩: 1

littletroublegirl In reply to yhancik [2004-09-04 10:40:32 +0000 UTC]

c'est au métro concorde

👍: 0 ⏩: 1

yhancik In reply to littletroublegirl [2004-09-04 10:56:15 +0000 UTC]

on en a une pratiquement similaire (mais c'est blanc sur bleu au lieu de bleu sur blanc)
(et le texte est bilingue)

👍: 0 ⏩: 1

littletroublegirl In reply to yhancik [2004-09-04 11:09:01 +0000 UTC]

ok..je ne savais pas. Elle est jolie comme station en tout cas!

👍: 0 ⏩: 1

yhancik In reply to littletroublegirl [2004-09-04 11:53:51 +0000 UTC]

oui, elle a l'air

👍: 0 ⏩: 0

cainodesign [2004-08-30 10:19:18 +0000 UTC]

nice shot!

👍: 0 ⏩: 0

catepower [2004-08-21 00:31:36 +0000 UTC]

such a fabulous backdrop, the heavy lines work nicely and I adore those yellow shoes.

👍: 0 ⏩: 0

sebbru [2004-08-19 12:06:28 +0000 UTC]

OUAAAHHHH!! Superbe, j'en ai encore le coeur haletant !! Je ne suis pas un grand lecteur, je dois avouer ; mais là j'ai pas pu décrocher !! Continue comme ça

ciao

👍: 0 ⏩: 1

littletroublegirl In reply to sebbru [2004-08-19 12:25:15 +0000 UTC]

merci !!!!!

👍: 0 ⏩: 1

sebbru In reply to littletroublegirl [2004-08-19 12:35:30 +0000 UTC]

de rien, il y a tellement de choses vraies dans ce texte (entre autres le passage du 22 décembre 2001 17.23)... mon commentaire était spontané

👍: 0 ⏩: 0

rikausse [2004-08-16 07:35:25 +0000 UTC]

J'aime beaucoup, c'est très captivant. Si troublant...
La première partie sur la solitude m'a rappelé quand je suis arrivé sur Paris il y a bientot 7 ans.

👍: 0 ⏩: 0

onyxquill [2004-08-14 08:14:15 +0000 UTC]

This picture stood out the most to me when viewing your gallery. Again, great work. I love the blurring of the subject and the absolute stillness of the background. The stillness of the back foot and the brightness of the shoe contrasting with the rest of the subject is lovely. Almost like its grounding them and they are trying to break away. I feel bad that I don't know any other languages and the great length of your journal makes me VERY curious as to what you wrote. Never have I wished more that I new French. Oh well.

👍: 0 ⏩: 2

littletroublegirl In reply to onyxquill [2004-08-14 08:33:37 +0000 UTC]

that picture was taken in the Paris subway

👍: 0 ⏩: 1

onyxquill In reply to littletroublegirl [2004-08-14 08:36:50 +0000 UTC]

I love the tile work.

👍: 0 ⏩: 0

littletroublegirl In reply to onyxquill [2004-08-14 08:30:45 +0000 UTC]

thank you !! i would like to translate it in English but that would take a looong time as i dont know very appropriate translations for each word but maybe i'll try some day..

👍: 0 ⏩: 0

mathilde [2004-07-25 13:29:21 +0000 UTC]

Tu écris très bien . J'ai aimer le début ,
il y a pleins de belles choses, pleins de belles pensées
J'ai moins aimé la derniere partie, avec l'accident , il ya qq chose qui me gene je pense surtout a cause du changement de style. tout devient soudainement brusque, alors que tout etait si lent ...( lent mais ce n'est pas pejoratif au contraire ) Bon mon commentaire est assez nul, je ne suis surement pas bonne critique littéraire ,
en tout cas c'est la premiere fois que je lis qq chose de bien sur deviant art .

👍: 0 ⏩: 1

littletroublegirl In reply to mathilde [2004-08-05 07:08:14 +0000 UTC]

merci pour ce commentaire! tu es peut-être la seule a avoir lu ce texte alors c'est bien d'en avoir un avis. Le revirement brusque de style est un peu voulu, enfin je suppose que tu as deviné, mais il est peut-être mal organisé et trop rapide, en gros c'était pour montrer qu'un basculement de vie monotone peut arriver en quelques minutes.

👍: 0 ⏩: 1

mathilde In reply to littletroublegirl [2004-08-13 09:55:09 +0000 UTC]

Hey : ) oui c'est un peu dommage detre la seule dailleurs
enfin , peut qu'en en changeant pas la narration de lhistoire ou le style plutot ça passerait peut etre mieux je n'en sais rien
maintenant que tu me dis ton intention je trouve que c'est une bonne idée /

👍: 0 ⏩: 0